|
|
||
|
312 HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
|
||
|
|
||
|
que les métiers d'Aubusson étaient pour la plupart des métiers de basse lice. Ce n'est que très rarement et tout à fait par exception que les tapissiers de la Marche ont exécuté des travaux de haute lice.
Dans un marché de 1646, passé avec les jésuites de Limoges par Gilbert Roguet, marchand d'Aubusson, pour l'exécution d'une pièce représentant l'Enfant Jésus au milieu des docteurs, le payement de l'aune carrée est porté à 24 livres.
Il serait inutile de multiplier ces exemples. Ceux qui précèdent suffisent pour donner une idée de la médiocrité des prix demandés par les tapissiers provinciaux. Au taux de 16, 24 et même 32 livres l'aune, une tapisserie était abordable aux petites bourses. Aussi trouve-t-on, dans le cours du xvii0 et du xviii0 siècle, une ou deux chambres entièrement garnies de tapisseries d'Auvergne clans les intérieurs les plus modestes. Cette confortable décoration offrait le grand avantage d'être à peu près inusable, pourvu qu'on en prit quelque soin. Elle se transmettait de génération en génération, et pouvait parer pendant des siècles la demeure de la famille.
Mais, si les tapissiers d'Aubusson avaient pour clients ordinaires les bourgeois à fortune modique, certains d'entre eux étaient parfaitement capables, lorsque l'occasion s'en présentait, de satisfaire à de .plus hautes exigences. Evidemment les quatre tentures décorées de paysages avec orangers, pots de Heurs et animaux, composées chacune de cinq ou de sept pièces qui figurent sur l'inventaire de Louis XIV, sont des ouvrages exceptionnels, d'une exécution particulièrement soignée. Le même document nous apprend que les ateliers d'Aubusson avaient reproduit la composition de Le Brun représentant la Terre.
Les comptes des dépenses des bâtiments du roi pour l'année 1669 mentionnent une tenture où était retracée l'Histoire des femmes illustres de l'Ancien Testament, payée au tapissier Barjon La Vergne, de Felletin, la somme relativement considérable de 6,718 livres 6 sous 8 deniers.
Il est à présumer que le maître tapissier n'avait pas à fournir les modèles des compositions exécutées sur commande. Il existait très certainement à Aubusson des artistes occupés spécialement à peindre pour les tapissiers des paysages et des scènes historiques ou mythologiques. Ils s'inspiraient des maitres en vogue, copiaient
|
||
|
|
||